Le retour au travail progressif après le confinement lié au COVID-19 offre l’opportunité aux entreprises de remettre en question leur organisation pour faire face et trouver des solutions aux défis économiques futurs. 

Ignorer ce qui s’est passé, ou chercher à rattraper à tout prix les pertes ne vont pas aider l’entreprise ni les collaborateurs à reprendre une activité dans les meilleures conditions possibles, d’autant plus que nous ne savons pas si d’autres mesures de confinement vont être décidée ces prochains mois. Une approche orientée vers le partage d’expériences et l’élaboration de nouveaux process a beaucoup plus de chance d’impacter positivement les collaborateurs pour une reprise engagée et performante.

En résumé, une démarche incluant l’expérience du confinement à travers le récit des collaborateurs vers une amélioration de l’organisation devient moteur de confiance et d’engagement pour ceux-ci.

Les acteurs du management et en particulier les cadres de proximité ont un rôle déterminant à jouer dans cette reprise progressive afin de donner du sens à ce qui s’est passé, c’est à dire comprendre les multiples facettes de cette expérience afin de pouvoir repartir sur des bases nouvelles, au lieu de foncer tête baissée vers une course à la productivité, tout en minimisant l’impact que la pandémie a eu sur les collaborateurs.

Les tendances issues du terrain

En analysant les entretiens et suivis des collaborateurs au CRST SA durant cette période, nous constatons parmi les cadres différentes manières de gérer le retour au travail de leurs collègues. Avec du recul, nous pouvons observer trois tendances principales : La première est d’ignorer l’épisode de confinement et de faire comme si rien ne s’était passé, la deuxième est de prôner un retour à la performance le plus rapidement possible en redoublant d’efforts, la troisième est de prendre le temps de comprendre la situation pour organiser la suite en fonction de l’expérience vécue.

Même si l’envie de retourner à une activité normale est tentante, faire comme s’il ne s’était rien passé aura potentiellement un impact délétère sur les collaborateurs pouvant renforcer un sentiment de manque de soutien de la part de leurs cadres. Ils risquent alors de se sentir isolés et non reconnus dans la période qu’ils ont traversés et par la suite auront moins tendance à solliciter l’aide de leur hiérarchie en cas de besoin. 

Un message de reprise brutal orienté vers un retour à la performance pré-pandémique, quand à lui, va possiblement générer de l’agressivité de la part des collaborateurs. On risque alors d’observer de la démotivation, de la colère, une perte de confiance et des attitudes de défiance pouvant nuire à la productivité et au climat en entreprise.

L’opportunité d’une démarche axée sur l’écoute et le changement

L’attitude certainement la plus constructive et propice à la survie de l’entreprise, pour un cadre, est de reconnaître que le confinement a pu résonner différemment pour chacun de ses collaborateurs et de leur offrir un espace pour qu’ils puissent exprimer leurs histoires. Notons que le collaborateur a besoin de se sentir utile au bon fonctionnement de son entreprise et de la société en général. Une expérience de confinement ayant mis à rude épreuve ce besoin, certains collaborateurs se sont sentis exclus ou oubliés. Objectiver les points positifs et négatifs de chacun permet ainsi de se rallier à des sujets communs et de décider ce qu’il est bon de garder et de changer pour repenser l’organisation future. Cette démarche qui nécessite du courage et l’engagement des compétences humaines du cadre aura pour effet de diminuer la détresse psychologique des collaborateur, de baisser leur stress tout en augmentant leur motivation et leur créativité. 

Il conviendra aussi d’être attentif à ceux qui ont perdu un proche du COVID ou qui l’ont contracté et sont en état de grande fatigue, ainsi qu’à ceux qui sont angoissés à l’idée de l’attraper. Les mesures de distanciation sociale entrainant une déprivation sensorielle, l’enjeu sera alors de retrouver de nouveaux moyens de verbaliser ses émotions en écoutant les propositions de chacun.